Explorateurs de l'histoire - Pourquoi a-t-on inventé l'école ?

Bienvenue ! Voici les bonus de votre livre "Explorateurs de l'histoire".

Qui était Jules Ferry ?

D’abord, Jules Ferry n’est pas l’inventeur de l’école. Et Charlemagne non plus ! 
Tout cela s’est fait petit à petit. Pendant longtemps, les enfants ont surtout eu un enseignement religieux, car l’école n’était pas la priorité de l’État. Au dix-neuvième siècle, ce dernier commence à prendre conscience qu’il a une responsabilité dans l’éducation des enfants et que l’école ne doit pas être laissée aux mains de l’Église.
Lorsque, en 1879, Jules Ferry devient ministre de l’Instruction publique de la Troisième République (qui commence en 1871), il décide ainsi d’achever le projet d’une école publique, laïque, et surtout d’une instruction obligatoire ! Plus aucun enfant ne peut se soustraire à l’éducation.
Dans le livre, on te raconte l’histoire du petit Alain : il aimerait aller à l’école, mais ses parents n’en voient pas l’intérêt, car ils ont besoin de lui pour les aider au champ. Même si Alain n’a pas vraiment existé, cette histoire est souvent arrivée à de véritables enfants. Il a fallu du temps pour convaincre les parents de laisser leurs enfants aller tous les jours à l’école. 

Portrait Jules Ferry
Jules Ferry (1832-1893) (BIS / Ph. Eugène Pirou © Archives Larbor).

Jules Ferry est un républicain modéré, très soucieux de la scolarisation de tous les enfants pour lutter contre les inégalités entre les enfants pauvres, qui n’allaient pas souvent à l’école, et les enfants plus riches, qui étaient toujours scolarisés. Pour lui, c’était une question de démocratie.
Voici par exemple ce qu’il déclare dans une conférence, en avril 1870 :
« À un autre point de vue, l’inégalité d’éducation est le plus grand obstacle que puisse rencontrer la création de mœurs vraiment démocratiques. Cette création s’opère sous nos yeux, c’est déjà l’œuvre d’aujourd’hui, ce sera surtout l’œuvre de demain ; elle consiste essentiellement à remplacer les relations d’inférieur à supérieur sur lesquelles le monde a vécu pendant tant de siècles, par des rapports d’égalité. » 
Jules Ferry (1832-1893), « De l’égalité d’éducation », conférence prononcée à Paris, à la salle Molière, le 10 avril 1870, in Discours et Opinions de Jules Ferry, I, Armand Colin et Cie, 1893, p. 287.

Mais attention, Jules Ferry n’a pas fait que de bonnes choses. Il a aussi encouragé la conquête violente de territoires en Afrique, par exemple (ce que l’on appelle la colonisation).

À quoi ressemble une école sous la Troisième République ?

Dans le livre, Jules et Sara décrivent une petite école de village tout à fait typique.

Salle de classe en 1909
Une salle de classe en 1909 (© BIS / Ph. Jean-Louis Charmet © Archives Larbor).

Sur cette photo, tu peux voir que la classe s’organise autour d’une estrade sur laquelle trône le bureau du maître, face à des bancs à pupitre où les enfants sont assis deux par deux. Les pupitres inclinés apprenaient aux enfants à se tenir bien droit et étaient plus pratiques pour écrire avec la plume trempée dans l’encre violette.

Une plume et un encrier
Une plume et un encrier (Shutterstock / DioGen).

Les salles de classe sont très décorées. Sur les murs, tout autour du grand tableau noir, sont affichés des tableaux, des images, des alphabets, des opérations… Ainsi, dès qu’un enfant tourne la tête, il peut apprendre quelque chose ! 
Souvent, une armoire contient des objets pour les « leçons de choses ». C’est comme ça que les élèves apprennent comment fonctionne le monde : les plantes, les animaux, le corps humain, etc. On appelle ça le « musée scolaire ».
L’affiche que tu vois ci-dessous est souvent présente dans les classes. Il ne faut pas croire qu’à l’époque, les enfants ne font qu’apprendre à lire et à compter ! Au contraire, l’instituteur ou l’institutrice est aussi chargé d’expliquer comment se nourrir correctement, se laver, se soigner. On est en plein progrès sur la médecine, et l’hygiène est une priorité.

Affiche ecoliers
Une affiche pour expliquer l’hygiène aux écoliers (© BIS / Ph. Coll. Archives Bordas).

Mais on étudie par matières comme aujourd’hui. Par exemple, l’histoire et la géographie sont très importantes. Tu peux voir une belle carte de France sur le mur derrière l’instituteur, plus haut. Les enfants doivent la connaître par cœur !

Livre d'histoire
Un livre d’histoire (BIS / Ph. © Archives Larbor).

Ce livre d’histoire est celui dans lequel les enfants apprennent qu’« il y a deux mille ans, notre pays s’appelait la Gaule et ses habitants, les Gaulois ». À l’époque, faire de l’histoire et de la géographie à l’école permet d’apprendre à connaître son pays et à se sentir français.
Il faut dire qu’à la fin du dix-neuvième siècle, il y a encore beaucoup de langues et de cultures différentes en France. 
Les salles de classe sont comme une deuxième maison pour les enfants. Ils s’occupent de la nettoyer, de charger le poêle à bois pour se chauffer, de la décorer. Il n’y a pas encore de cantines en 1882, donc ils y mangent aussi le midi.
Enfin, la plupart du temps, les filles et les garçons ne sont pas dans les mêmes classes. On pense alors que ce n’est pas très moral de les mettre ensemble, et que ça les déconcentrerait.
Et, comme tu l’as vu dans le livre, la morale est très importante. Toutes les journées de cours commencent par le commentaire d’une phrase de morale, comme lorsque Jacques lit celle du jour : « La colère est mauvaise conseillère. »
En voici un autre exemple : 

leçon de morale
Une leçon de morale de 1928 (Droits réservés).

La vie dans les campagnes

À la fin du dix-neuvième siècle, en France, la grande majorité des gens vit encore dans les campagnes.
L’histoire se déroule dans une région du Massif central, la Limagne, aux terres très fertiles et où on cultive du blé.

Champ de blé en Limagne
Un champ de blé en Limagne, après la moisson (Shutterstock / Wirestock Creators).

La culture du blé se fait en plusieurs étapes : il faut labourer avant de semer, fertiliser la terre avec de l’engrais, puis moissonner, et séparer le grain de la paille par le battage (c’est-à-dire en tapant sur la paille avec un bâton). Tout cela nécessite d’avoir de la main-d’œuvre et des chevaux.

Moisson vers 1860
Cette scène, peinte par René Bey, montre comment se passe la moisson vers 1860 (© BIS / Ph. Jean-Loup Charmet © Coll. Archives Larbor).

Or, à la fin du dix-neuvième siècle, l’agriculture connaît de gros progrès techniques pour accélérer la production. C’est ce que l’on appelle la mécanisation.
Parmi les inventions qui vont changer la vie des agriculteurs, il y a la batteuse à vapeur. La machine est reliée à une locomotive à vapeur qui actionne des courroies entraînant d’immenses bâtons qui tapent la paille. Évidemment, c’est moins fatigant !

Dans le livre, les enfants ont l’idée folle d’en fabriquer une petite pour la famille d’Alain. Tout le monde s’y met et se prend au jeu. À l’époque, le progrès technique est vraiment considéré comme quelque chose d’excitant qui va changer le monde. Personne ne peut imaginer qu’il faudra, un jour, prendre garde à ce que les machines ne remplacent pas les humains.

Texte rédigé par Laurence De Cock.